Alors que la saison 2024-2025 bat son plein, Roberto De Zerbi, entraîneur de l’Olympique de Marseille, n’a pas mâché ses mots dans un entretien-fleuve accordé à L’Équipe. Entre ambitions européennes, mercato ambitieux et volonté assumée de réduire l’écart avec le Paris Saint-Germain, le technicien italien sort de son silence pour dresser les contours d’un OM ambitieux qui entend jouer les premiers rôles… jusqu’à défier le géant parisien ? Dans cet article, nous analysons point par point les déclarations marseillaises et leur impact potentiel sur les ambitions du PSG.
L’OM veut faire de la Ligue des champions une habitude : un signal envoyé à Paris ?
Selon Roberto De Zerbi, le retour de l’Olympique de Marseille en Ligue des champions est avant tout une « réparation logique ». Un retour « à la normale » selon lui, compte tenu de la stature du club et de son public. L’Italien fixe la barre très haut : faire de cette qualification un objectif annuel malgré la forte concurrence en Ligue 1.
Cet objectif traduit une évolution stratégique majeure de la part de l’OM, qui ne veut plus se contenter du rôle d’outsider. La stabilité de l’effectif et l’ambition sur le front européen confirment cette volonté. Mais alors que le PSG, quadruple champion en titre, vise la victoire finale en Ligue des champions, peut-on réellement considérer l’OM comme une menace ? Pour De Zerbi, ce n’est pas une question de duel direct pour l’instant. Il sait que l’écart reste important — notamment en termes de profondeur de banc et d’expérience européenne — mais son discours vise à inséminer une culture de la constance et de la performance à long terme.
Un mercato malin et audacieux, face à la puissance de feu parisienne
Avec le départ de Kylian Mbappé au Real Madrid il y a près d’un an, le PSG a changé de visage. Place au collectif et au projet de jeu flexible prôné par Luis Enrique. Cependant, Paris conserve une marge financière et sportive colossale. Marseille, de son côté, tente une approche différente : celle de la stabilité et des coups intelligents.
La prolongation de cadres comme Adrien Rabiot, Pierre-Emile Höjbjerg ou Leonardo Balerdi est un vrai tour de force. Rabiot, souvent décrié pour ses choix de carrière et ses frasques médiatiques, a trouvé à Marseille un environnement où il s’épanouit pleinement. De Zerbi loue son travail, son humilité et son engagement. « Il m’a énormément surpris », confie-t-il, rappelant son apport aussi bien technique que mental dans le vestiaire olympien.
À cela s’ajoutent les arrivées libres mais stratégiques de CJ Egan-Riley et Angel Gomes. Deux jeunes éléments à fort potentiel, repérés par Medhi Benatia, nouveau directeur sportif de l’OM. L’Algérien semble prendre la relève de manière crédible après les années incertaines du club au mercato. Pendant ce temps, le PSG a lui aussi renforcé son effectif avec prudence, misant sur des éléments complémentaires pour épauler sa nouvelle pépite Bradley Barcola ou Gonçalo Ramos en attaque.
Un Classique toujours déséquilibré ? De Zerbi appelle à la lucidité
Le technicien marseillais a tenu dès lors à remettre les choses en perspective concernant le « Classico » français. « Sur 23 matchs, 19 victoires pour Paris, une seule pour Marseille. Ce n’est pas un Classico, soyons honnêtes », a-t-il admis sans détour.
Cette déclaration coup de poing montre cependant une prise de conscience importante. Finie la communication de façade : le PSG domine outrageusement les confrontations directes depuis près d’une décennie. Et même sans Lionel Messi, Neymar ou Mbappé, le PSG version 2024 a semblé plus cohérent que jamais. De Zerbi l’admet d’ailleurs lui-même : « Ce Paris, sans Mbappé, Messi ni Neymar, était plus une équipe que celui d’avant. Sur ce plan, Luis Enrique a été extraordinaire. »
Mais Marseille ne baisse pas pavillon pour autant. En ciblant l’amélioration de la régularité et de la profondeur de son effectif, De Zerbi espère gommer les lacunes de la saison passée — en particulier la série noire en deuxième moitié de saison. Si l’OM parvient à maintenir un niveau constant de performance, il pourrait, à moyen terme, inquiéter davantage le PSG.
Ce que cela signifie pour le PSG
Le Paris Saint-Germain reste l’ogre du football français, mais l’analyse de ce mercato et des discours médiatiques montre une tendance : les adversaires — Marseille en tête — ne craignent plus ouvertement le PSG. Ils se réorganisent, investissent de manière ciblée, et intègrent la constance comme pilier de leurs ambitions. Luis Enrique devra répondre à ces nouvelles dynamiques avec un groupe toujours en chantier, ambitieux mais jeune. La Ligue 1 pourrait retrouver une forme de compétitivité dans son haut de tableau — et ça, c’est une bonne nouvelle pour le football français.